29.4.05

Sophie Calle

Je me rappelle une exposition de Sophie Calle à Beaubourg.
Il y avait deux oeuvres qui m'avaient particulièrement émues. L'une était des photos de personnes aveugles avec en dessous leur description de ce que ces personnes trouvaient beau.
L'autre était une une installation d'une trentaine de textes ( peut-être une douzaine ce qui semblerait plus logique) relatant sa rupture avec l'un des grands amours de sa vie. Je vous raconte ça parce que je ne sais pas comment mieux exprimer la douleur d'une telle rupture avec autant de talent. C'est la même histoire, racontée jour après jour, mois après mois, ou souvenir après souvenir avec les altérations du temps, à la fois dans les mots, les formulations et l'image résiduelle et dans la typographie s'éclaircissant au fur et à mesure du passage du temps, pour finir sur une page grise et vide.
Je ne sais pas si sa vision de la rupture est vraie, pour elle comme pour moi ou d'autres. Je l'espère. Je souhaite infiniement que la souffrance s'éfface avec le temps. Je ne suis pas sûre que ce soit vrai. Je pense aujourd'hui que la souffrance change de nature. La souffrance et le regret se recroquevillent dans un recoin du coeur et vous accompagnent, comme des amis dans le reste du temps qui vous reste.

Cela fait maintenant deux semaines que mon âme soeur est partie. Je suis triste et en colère. Quand il me raconte comment il va, il me parle du manque de ses enfants. Et d'une certaine libération quand même. Certes, il va mieux Je le vois bien. Il ne me demande pas comment je vais. Ou juste comme une formule de politesse. De toute façon il ne m'écouterait pas. On se croise encore, pour l'organisation de notre quotidien, les enfants, l'argent, la famille. Pour le prochain dîner, il s'entoure de gens pour ne pas se retrouver,seul, face aux miens.

Ma douleur n'est pas celle de mes enfants, réèlle. Le manque de leur père au jour le jour. Les habitudes soudainement chamboulées. Non. Je pense, j'espère que nos affirmations d'amour sont assez fortes pour les convaincre et les rassurer. Ma douleur, c'est la perte de l'amour. Qui suis-je sans le regard de l'autre,celui qui me trouve séduisante et désirable? Celui à qui je peux raconter les petites anecdotes du quotidien, nos grands projets ( en tout cas les miens!) et ma visions de la vie dans le même souffle et qui comprend?

Ne plus être aimée c'est enterrer une partie de soi. Je suis sûre que même en retrouvant quelqu'un d'autre avec qui partager sa vie on ne réussit pas à raviver cette partie calcinée.

On me dit que je parle si doucement qu'on ne m'entend plus et que ça ne me ressemble pas. C'est vrai. J'ai perdu la force de ma voix en perdant une partie de moi. Je n'ai plus de certitudes. Je me suis refermée. Ma voix est un murmure indécis.

Je sais que je vais continuer de vivre, de m'occuper des miens et du monde. Aujourd'hui c'est difficile, et en même temps automatique. Quand l'étau qui entoure mon coeur va-t-il lâcher prise?
Quand ma solitude sera-t-elle liberté? Le sera-t-elle?

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bonjour!

Je m'excuse, mais ma francais n'est pas tres bon (je suis anglaise). Aussi, je suis un peu "confused" (je ne me souviens pas le mot francais). J'ai suivé un "link" de la blog de Vaughan ("Whatever you are"), ou j'ai vu un petit morceau qu'était ecrit par quelqu'un qui s'appelle "Emma". J'ai l'aimé, et j'avait espoir que je pourait peut-etre voir sa blog? Est'ce que c'est ici?

5 juillet 2005 à 21:40  
Blogger Roberto Iza Valdés said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

4 novembre 2005 à 04:39  
Blogger Roberto Iza Valdés said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

28 novembre 2005 à 20:09  
Blogger Men Who Do Cleavages said...

Bonjour!

Je m'appelle l'homme et je ne parle pas francais.
Reverting back to vernacular, I think you will find interesting this other blog which is in English that also going by the name similar to your own: jewairasboudoir.blogspot.com.

Quelle est la connexion?

7 février 2006 à 12:42  
Blogger Unknown said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

1 septembre 2007 à 14:10  

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