Voilée
Décembre 1942. Je marche boulevard Haussmann et je croise deux femmes qui arborent sur leur manteau une étoile jaune. Je leur adresse un regard que je veux plein de compassion et de solidarité. Je tremble d'indignation intérieure mais je ne fais rien, j'ai peur de la police, de la loi, de l'Etat qui a mis en place cette mesure.
Décembre 2004. Je monte dans le RER direction la Défense. Dans le wagon, je vois une jeune femme enveloppée de la tête aux pieds d'un hijab gris, avec un sac d'où dépassent des polys, qui va probablement à la fac de Nanterre. Je lui adresse un regard plein de haine et de colère. Je tremble d'indignation intérieure mais je ne fais rien, car c'est elle qui a choisi de s'humilier ainsi, de se désigner comme inférieure de moitié à un homme, de se soumettre à des prescriptions aussi archaïques que barbares.
Et je fais le reste du chemin, le long des couloirs et des escalators, un peu honteuse de mon regard de haine, et me demandant ce que j'aurais du faire:
-L'ignorer, en espérant que, bientôt et d'elle-même, elle comprendra qu'elle s'enferme dans une vie pire que ce qu'elle croit rejeter ?
-La plaindre ouvertement, en voyant quels moyens elle emprunte pour se forger une identité, trouver un sens à sa vie ?
-L'apostropher, en lui disant qu'en tant que femme, elle devrait avoir honte de rejeter l'égalité pour laquelle tant de femmes et d'hommes se sont battus et continuent à le faire ?
-Baisser les bras en sachant qu'elle et moi, nous ne parlons plus la même langue, nous ne sommes plus sur la même planète ?
-Lui signaler que le gris ne lui va pas au teint ?
Et vous, qu'auriez-vous fait ?
Contribution de Jessica
Décembre 2004. Je monte dans le RER direction la Défense. Dans le wagon, je vois une jeune femme enveloppée de la tête aux pieds d'un hijab gris, avec un sac d'où dépassent des polys, qui va probablement à la fac de Nanterre. Je lui adresse un regard plein de haine et de colère. Je tremble d'indignation intérieure mais je ne fais rien, car c'est elle qui a choisi de s'humilier ainsi, de se désigner comme inférieure de moitié à un homme, de se soumettre à des prescriptions aussi archaïques que barbares.
Et je fais le reste du chemin, le long des couloirs et des escalators, un peu honteuse de mon regard de haine, et me demandant ce que j'aurais du faire:
-L'ignorer, en espérant que, bientôt et d'elle-même, elle comprendra qu'elle s'enferme dans une vie pire que ce qu'elle croit rejeter ?
-La plaindre ouvertement, en voyant quels moyens elle emprunte pour se forger une identité, trouver un sens à sa vie ?
-L'apostropher, en lui disant qu'en tant que femme, elle devrait avoir honte de rejeter l'égalité pour laquelle tant de femmes et d'hommes se sont battus et continuent à le faire ?
-Baisser les bras en sachant qu'elle et moi, nous ne parlons plus la même langue, nous ne sommes plus sur la même planète ?
-Lui signaler que le gris ne lui va pas au teint ?
Et vous, qu'auriez-vous fait ?
Contribution de Jessica
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home